Laphroaig (Samaroli) - Duthie's for Samaroli, 1970-1986 - 16 ans - 54%2
Dede
Couleur : Or soutenu
Nez : L'aération du sample a joué dans le bon sens. Toujours aussi frais, le nez est beaucoup plus fruité que lors de la précédente dégustation, avec des notes très nettes d'ananas frais et juteux et d'oranges mûries à point, de mangue et de vanille également. La tourbe est discrète, mais les notes médicinales sont toujours présentes en fond, ainsi que les effluves maritimes. Il présente aussi une superbe minéralité qui prend de l'ampleur au deuxième nez, avec une odeur qui m'évoque les « brioschi effervescente » italiens dans leur pot (il s'agit de petits tortillons de bicarbonate sucrés et aromatisés au citron que l'on mélange à de l'eau pour en faire une boisson digestive et qu'achetait ma grand-mère sicilienne – mais personnellement je préférais les consommer tels quels comme des bonbons acidulés). Ma femme y décèle aussi une odeur d'olive et ma foi, elle n'a pas tort. Tous ces arômes sont liés, enlacés, fondus entre eux. Vive l'OBE ! ! Et c'est peut-être encore meilleur avec un peu d'eau, qui donne plus de rondeur à l'ensemble.
Bouche : Cohérente avec le nez, elle est très puissante, avec une texture assez grasse. Les fruits exotiques (ananas) et les agrumes ouvrent le bal, suivis par la tourbe avant que des notes poivrées ne viennent réchauffer un palais qui n'en demandait pas tant. Et toujours cette fraîcheur végétale en fin de bouche. C'est bon, très bon !
Finale : Longue, légèrement amère, des notes d'ananas et de mangue, elle laisse une sensation minérale légèrement asséchante en bouche (toujours les brioschi effervescente !) et est tourbée à la retro-olfaction.
Conclusion : Un Laphroaig très complexe, moins immédiatement jouissif que le 1964 BBR. Il demande plus de temps pour être apprécié à sa juste valeur, mais est finalement du même niveau. L'ouverture du sample lui a fait du bien, ne modifiant pas tant les arômes présents que leur hiérarchie : la tourbe s'est faite très discrète alors que les fruits ont remplis les espaces olfactif et gustatif. La minéralité a pris également beaucoup d'ampleur pour mon plus grand bonheur. Je suis donc contraint de revoir sa note à la hausse avec un bon 94 !
2010
Jean-Michel
Couleur : Ambre clair.
Nez : Démarre sur une note d'alcool médicinal un peu vive qui s'enrichit rapidement de toutes sortes de notes hespéridées (bergamote, citron, mandarine), sans perdre ce caractère vif, tranchant, légèrement pétillant, voire agaçant. Fruit et essence. Je m'explique : le côté à la fois fruité et agaçant des essences qui jaillissent lorsque vous écorcez une orange à la main. Véritable eau de toilette à structure agrumique (bergamote, cédrat) enrichie d'une note florale (jasmin, et peut-être même romarin), et d'une touche de baume mentholé. S'adoucit sur la sciure de bois fraîche et un certain exotisme (ananas frais). La tourbe est discrète et s'exprime plutôt sous la forme des effluves du varech rejeté sur les plages et qui chauffe au soleil.
Bouche : Avant même d'analyser les arômes, on est étonnés de l'équilibre de l'ensemble. 54%, vraiment ? La liqueur emplit la bouche sans agressivité, tapisse chaque papille et y adhère comme y adhèrerait une cuillérée d'huile. Il y'a là dedans la douceur acidulée d'un bonbon au citron, d'une bergamote, et l'amertume classe, légèrement poivrée, d'une huile d'olive trop jeune, et d'une fleur de capucine.
Finale : Longue, elle se développe sur l'amertume d'un fond de tasse de thé.
Commentaire : Un Laphroaig qui réalise l'improbable alliance d'un fruité à la fois vif, minéral, exotique, et médicinal. Un fruité d'une pureté qui maintient la papille en éveil à chaque instant.
2010