Visite de la distillerie Benriach
Modérateur : Modérateurs
Visite de la distillerie Benriach
Hello,
après des mois de silence, dus à une mission à l'étranger, j'ai pris des vacances et je suis parti avec un ami en Ecosse pour 9 jours.
J'ai eu peu de temps pour le whisky trail, mais j'ai tout de même visité Talisker, Benriach et Glenfiddich.
Voici un résumé de ma visite chez Benriach:
Quelques km après Elgin, nous croisons la distillerie Benriach dont la renommée est grandissante. Pas de parking pour les touristes, pas de boutique, juste un bureau réservé aux professionnels. Nous sortons quand même de la voiture et rencontrons le boss. Il nous explique qu'il n'y a pas de visite organisée mais que nous pouvons nous promener et regarder. C'est un bon début. Nous entrons dans la salle de maltage, vide, tout comme le kiln. Nous rencontrons enfin un jeune ouvrier a l'allure sympathique dans la salle d'embouteillage, il nous conduit a son chef distillateur. Ce dernier nous consacrera plus d'une heure de son temps. Tout y passe, depuis le broyage de l'orge, son mélange dans l'eau de source locale et son chauffage par étape dans les mashtuns (4 cuves aux températures différentes chez Benriach) pour obtenir glucose, puis la fermentation a l'aide de levures dans les washbacks et enfin la distillation dans les stills dont les jeux de va et vient sont particulièrement élaborés pour séparer et réinjecter les diverses parties du distillat. Nous goutons au produit a tous les stades de sa fabrication pour en contrôler la qualité. Le mélange initial chauffe a 65 degrés celcius ressemble a une soupe sucrée un peu farineuse, le mélange fermente a 8° a une forte bière acidulée, les vapeurs condensées et refroidies de distillat a 25° directement sorties de l'alambic et enfin le 'new make' a 68° dont les qualités gustatives sont déjà très intéressantes (goût fruité et malte).
Dans la minuscule salle d'embouteillage (plus de 80÷ de la production est réservée a J&B et autres blends....), nous goutons a deux cuvées déjà réduites qui seront prochainement mises en bouteille après filtrage. L'une est a dominante sherry pour le marche américain qui aime les whiskies a robe sombre, l'autre est tourbée pour répondre a une forte tendance actuelle. Nous sommes très enthousiasmés par le second, qui présente un profil fruité / tourbe assez atypique.
Pour notre plus grand bonheur, la visite improvisée ne s'arrête pas la et passe par les chais. Ceux ci sont frais et sombres, il y règne une délicieuse odeur vineuse et boisée. Notre hôte décide d'ouvrir directement 3 fûts qui vont se révéler a la fois exceptionnels et très différents. Un 77 barolo finish, incroyablement fruité frais et délicat avec une finale interminable. Un 91 sauternes finish, plus mielleux, cireux, capiteux mais néanmoins équilibré. Et pour couronner le tout un 76 dans la lignée des Signatory Vintage qui ont mis en orbite Benriach en tant que single malt. Un mélange harmonieux de fruits exotiques, d'odeurs organiques (étable ou ferme) sur fond de tourbe. Aucun arôme ne domine l'autre, tout s'imbrique parfaitement.
Le distillateur a le sourire aux lèvres, il nous confie que nous avons gouté a son trio préféré. Il nous salue humblement car il doit retourner travailler. En quittant les lieux sans même pouvoir acheter un souvenir faute de boutique nous prenons conscience de notre incroyable coup de chance, et de l'hospitalité des gens de Benriach. Je leur tire aujourd'hui mon chapeau et je leur adresse un grand merci pour cette journée découverte pour le moins exceptionnelle.
après des mois de silence, dus à une mission à l'étranger, j'ai pris des vacances et je suis parti avec un ami en Ecosse pour 9 jours.
J'ai eu peu de temps pour le whisky trail, mais j'ai tout de même visité Talisker, Benriach et Glenfiddich.
Voici un résumé de ma visite chez Benriach:
Quelques km après Elgin, nous croisons la distillerie Benriach dont la renommée est grandissante. Pas de parking pour les touristes, pas de boutique, juste un bureau réservé aux professionnels. Nous sortons quand même de la voiture et rencontrons le boss. Il nous explique qu'il n'y a pas de visite organisée mais que nous pouvons nous promener et regarder. C'est un bon début. Nous entrons dans la salle de maltage, vide, tout comme le kiln. Nous rencontrons enfin un jeune ouvrier a l'allure sympathique dans la salle d'embouteillage, il nous conduit a son chef distillateur. Ce dernier nous consacrera plus d'une heure de son temps. Tout y passe, depuis le broyage de l'orge, son mélange dans l'eau de source locale et son chauffage par étape dans les mashtuns (4 cuves aux températures différentes chez Benriach) pour obtenir glucose, puis la fermentation a l'aide de levures dans les washbacks et enfin la distillation dans les stills dont les jeux de va et vient sont particulièrement élaborés pour séparer et réinjecter les diverses parties du distillat. Nous goutons au produit a tous les stades de sa fabrication pour en contrôler la qualité. Le mélange initial chauffe a 65 degrés celcius ressemble a une soupe sucrée un peu farineuse, le mélange fermente a 8° a une forte bière acidulée, les vapeurs condensées et refroidies de distillat a 25° directement sorties de l'alambic et enfin le 'new make' a 68° dont les qualités gustatives sont déjà très intéressantes (goût fruité et malte).
Dans la minuscule salle d'embouteillage (plus de 80÷ de la production est réservée a J&B et autres blends....), nous goutons a deux cuvées déjà réduites qui seront prochainement mises en bouteille après filtrage. L'une est a dominante sherry pour le marche américain qui aime les whiskies a robe sombre, l'autre est tourbée pour répondre a une forte tendance actuelle. Nous sommes très enthousiasmés par le second, qui présente un profil fruité / tourbe assez atypique.
Pour notre plus grand bonheur, la visite improvisée ne s'arrête pas la et passe par les chais. Ceux ci sont frais et sombres, il y règne une délicieuse odeur vineuse et boisée. Notre hôte décide d'ouvrir directement 3 fûts qui vont se révéler a la fois exceptionnels et très différents. Un 77 barolo finish, incroyablement fruité frais et délicat avec une finale interminable. Un 91 sauternes finish, plus mielleux, cireux, capiteux mais néanmoins équilibré. Et pour couronner le tout un 76 dans la lignée des Signatory Vintage qui ont mis en orbite Benriach en tant que single malt. Un mélange harmonieux de fruits exotiques, d'odeurs organiques (étable ou ferme) sur fond de tourbe. Aucun arôme ne domine l'autre, tout s'imbrique parfaitement.
Le distillateur a le sourire aux lèvres, il nous confie que nous avons gouté a son trio préféré. Il nous salue humblement car il doit retourner travailler. En quittant les lieux sans même pouvoir acheter un souvenir faute de boutique nous prenons conscience de notre incroyable coup de chance, et de l'hospitalité des gens de Benriach. Je leur tire aujourd'hui mon chapeau et je leur adresse un grand merci pour cette journée découverte pour le moins exceptionnelle.
Re: Visite de la distillerie Benriach
Chapeau bas et merci pour le compte rendu alléchant.
Re: Visite de la distillerie Benriach
A te lire Nikos nos finances vont encore en prendre un coup.
Master Experimental Blender
Genève
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Re: Visite de la distillerie Benriach
Le 1977 barolo finish est le fût 2595, apparemment il sera mis en bouteille sous peu.

Le 1976 est le fût 2014, je ne suis pas sûr qu'il soit embouteillé de suite... A suivre. :D


Le 1976 est le fût 2014, je ne suis pas sûr qu'il soit embouteillé de suite... A suivre. :D

- Smokey-Kong
- Maître distillateur
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- Inscription : 21 nov. 2005, 22:44
Re: Visite de la distillerie Benriach
Superbe CR, et qui donne encore plus envie de voyager dans ce pays mythique... Dieu sait que j'ai trainé dans pas mal de coins sur cette planète, et pourtant c'est celui-là qui me fait rêver, allez savoir pourquoi...
Re: Visite de la distillerie Benriach
Pour y avoir passé 1 mois 1/2 je confirme c'est merveilleux vivement l'année prochaine que j'y retourne.
Master Experimental Blender
Genève
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Re: Visite de la distillerie Benriach
C'est certain que Benriach est une des distilleries qui a le vent en poupe et qui monte de plus en plus...et attire de plus en plus l'interêt des passionnés que nous sommes.
Ils ont un subtil mélange de versions classiques plus abordables et de bonnes qualités avec une sélèction de single cask à la demande qui se révèlent très souvent grandioses...
J'attends avec impatience l'arrivée de ces fûts sur le marché .
J'ai comparé récemment 3 benriach 1976 : le 29yo pour le craigellachie hotel, le 30yo de la MDW et le nouveau 31yo de the nectar... 3 très belles versions de cette distilleries, le the nectar et le craigellachie sont un peu tourbé/fumé et un rien maoins fruité que celui de la MDW. celui-ci se rapproche plus de certaines versions Signatory cask collection 1975-1976 qui sont de véritables bombes fruitées/exotiques ( et pour certaines versions plus tourbées aussi ,mais j'ai moins accroché avec celles-là.)
Les prix de ces singles casks ne sont évidement pas donné
, mais j'ai la désagréable impression que les prix de cette distillerie vont croître assez rapidement ...j'espère que cela ne va pas atteindre les niveaux de plusieurs distilleries plus célèbres telles Ardbeg ou bowmore...
A suivre de près ( en tout pour moi avec d'autres distilleries comme longmorn et clynelish et lochside dans une moindre mesure quand sort des versions d'indépendants souvent de grandes qualités. )
A+
Ils ont un subtil mélange de versions classiques plus abordables et de bonnes qualités avec une sélèction de single cask à la demande qui se révèlent très souvent grandioses...
J'attends avec impatience l'arrivée de ces fûts sur le marché .
J'ai comparé récemment 3 benriach 1976 : le 29yo pour le craigellachie hotel, le 30yo de la MDW et le nouveau 31yo de the nectar... 3 très belles versions de cette distilleries, le the nectar et le craigellachie sont un peu tourbé/fumé et un rien maoins fruité que celui de la MDW. celui-ci se rapproche plus de certaines versions Signatory cask collection 1975-1976 qui sont de véritables bombes fruitées/exotiques ( et pour certaines versions plus tourbées aussi ,mais j'ai moins accroché avec celles-là.)
Les prix de ces singles casks ne sont évidement pas donné

A suivre de près ( en tout pour moi avec d'autres distilleries comme longmorn et clynelish et lochside dans une moindre mesure quand sort des versions d'indépendants souvent de grandes qualités. )
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Slainthe math
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The Nectar : Sharing Passion
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Re: Visite de la distillerie Benriach
Ahhh ca! Benriach, quand c'est bon, c'est bon! Juste un poile trop drinkable peut-être?
Je partage aussi l'avis éclairé de notre bon Lexus...Benriach future distilleries des afficionados dégoutés des surenchères d'Ardbeg? A voir...Je pense juste qu'il faut qu'ils fassent gaffe à pas trop tirer sur la corde des finish machin bazar dans tous les sens...Mais bon...affaire à suivre à coup sûr! 8)

Je partage aussi l'avis éclairé de notre bon Lexus...Benriach future distilleries des afficionados dégoutés des surenchères d'Ardbeg? A voir...Je pense juste qu'il faut qu'ils fassent gaffe à pas trop tirer sur la corde des finish machin bazar dans tous les sens...Mais bon...affaire à suivre à coup sûr! 8)
Re: Visite de la distillerie Benriach
Ce dernier WE, Trisha (DG de Benriach) animait un masterclass chez nous. Son discours est sans ambiguité : "De la qualité, de la qualité et encore de la qualité. Les prix ? On suit la loi du marché, notre cible n'est pas le blending, mais plutôt les vrais amateurs."
Le problème est que, si les prix montent, une distillerie ne peut pas rester à l'écart du mouvement ou alors sa production sera vendue "sur pied", comme pour le vin.
Regardez d'ailleurs dans les jours prochains les flacons qui vont sortir...
Le problème est que, si les prix montent, une distillerie ne peut pas rester à l'écart du mouvement ou alors sa production sera vendue "sur pied", comme pour le vin.
Regardez d'ailleurs dans les jours prochains les flacons qui vont sortir...
Re: Visite de la distillerie Benriach
Benriach fait des choses merveilleuses. Les finish ça reste "anecdotique" chez eux j'espère et d'ailleurs je ne demande pas à quiconque de partager mon opinion dubitative à leur sujet.amor57 a écrit :Ce dernier WE, Trisha (DG de Benriach) animait un masterclass chez nous. Son discours est sans ambiguité : "De la qualité, de la qualité et encore de la qualité. Les prix ? On suit la loi du marché, notre cible n'est pas le blending, mais plutôt les vrais amateurs."
Le problème est que, si les prix montent, une distillerie ne peut pas rester à l'écart du mouvement ou alors sa production sera vendue "sur pied", comme pour le vin.
Regardez d'ailleurs dans les jours prochains les flacons qui vont sortir...
Je ne crois pas qu'une distillerie soit obligée de suivre le mouvement à 100% - d'ailleurs suivre qui ? Ceux qui pricent un 20 à 30 ans small batch de qualité à 150 Euros ? Ceux qui le pricent à 300 ? A 500 ? Plus ? C'est terrible, ils se surveillent et se copient tous et de plus, comme le disait bottler, ils semblent croire que les amateurs associent la qualité d'un whisky à son prix, genre "si c'est moins cher c'est moins bon".
Pour les new fillings ou les fûts de 8 ans c'est sans doute autre chose mais faire l'amalgame me semble douteux. Est-il raisonnable de penser que le prix d'un vieux malt passe de 200 à 600 Euros parce que l'orge et le fuel sont plus chers en ce moment ?
Re: Visite de la distillerie Benriach
Serge, nous avons tous compris ton "amour" des finitions, opinion que je partage avec toi et nombre d'autres forumeurs. Et effectivement les finitions BenRiach ne représentent qu'une toute petite fraction de la production, même si dans un catalogue ou sur une étagère, une finition prend autant de place qu'un Authenticus.
Une distillerie n'est pas obligée de suivre à 100%, mais elle ne peut pas non plus ne pas suivre du tout. La question : dans quelle mesure le fera-t-elle ? On peut imaginer une infinité de scénarios, dont aucun ne se révèlera exact in fine. Mais je crois que je me suis mal exprimé à propos des futures sorties de BenRiach : je ne parlais pas que des finitions : un single cask assez ancien devrait sortir à un prix abordable.
Mais BenRiach se situe quantitativement dans les distilleries de moyenne importance et de ce fait ne peut complètement éluder le marché. Elle présente une différence notable par rapport aux autres : elle est indépendante. Et il n'y en a plus beaucoup d'indépendants. Et je pense qu'elle le restera réellement tant que Billy Walker en sera à sa tête.
La seule que chose que nous puissions faire c'est espérer que cette indépendance va se traduire dans le futur par une indépendace au niveau tarifaire.
Et à propos du passage de 200 à 600 euros d'un flacon de 30 ans : Non effectivement ce n'est pas le renchérissement du fuel ou de l'orge qui l'expliquent. Mais je te retourne la question : Trouverais-tu normal qu'un trois ans, affecté par les hausses récentes, soit vendu au même prix que son aïeul (en poussant le bouchon un peu loin) ?
Une distillerie n'est pas obligée de suivre à 100%, mais elle ne peut pas non plus ne pas suivre du tout. La question : dans quelle mesure le fera-t-elle ? On peut imaginer une infinité de scénarios, dont aucun ne se révèlera exact in fine. Mais je crois que je me suis mal exprimé à propos des futures sorties de BenRiach : je ne parlais pas que des finitions : un single cask assez ancien devrait sortir à un prix abordable.
Mais BenRiach se situe quantitativement dans les distilleries de moyenne importance et de ce fait ne peut complètement éluder le marché. Elle présente une différence notable par rapport aux autres : elle est indépendante. Et il n'y en a plus beaucoup d'indépendants. Et je pense qu'elle le restera réellement tant que Billy Walker en sera à sa tête.
La seule que chose que nous puissions faire c'est espérer que cette indépendance va se traduire dans le futur par une indépendace au niveau tarifaire.
Et à propos du passage de 200 à 600 euros d'un flacon de 30 ans : Non effectivement ce n'est pas le renchérissement du fuel ou de l'orge qui l'expliquent. Mais je te retourne la question : Trouverais-tu normal qu'un trois ans, affecté par les hausses récentes, soit vendu au même prix que son aïeul (en poussant le bouchon un peu loin) ?
Re: Visite de la distillerie Benriach
Y veut me faire le coup de l'effet domino sur une gamme !amor57 a écrit :
Et à propos du passage de 200 à 600 euros d'un flacon de 30 ans : Non effectivement ce n'est pas le renchérissement du fuel ou de l'orge qui l'expliquent. Mais je te retourne la question : Trouverais-tu normal qu'un trois ans, affecté par les hausses récentes, soit vendu au même prix que son aïeul (en poussant le bouchon un peu loin) ?

Je pense que le jour où un 3 ans d'âge sera à 600 euros les 70cl, on en sera tous depuis longtemps à la limonade à l'aspartame.
Il n'y a rien qui les oblige à monter le prix de leur 30 ans d'âge à mon avis, sinon la peur de perdre une opportunité de se faire de la monnaie à court terme en raison du développement actuel du pouvoir d'achat de certains pays d'Asie et autres, dont ils craignent tous qu'il ne sera que temporaire (la fameuse volatilité de ces marchés).
je pense que ça va faire comme les Bordeaux, ça va sacrément faire le yoyo dans les prochains temps. Ou les montagnes russes. Les imprévoyants ou les impatients vont morfler, j'vouldis. Il n'est jamais bon de trop chahuter ses vaches à lait habituelles.
Allez, je range ma boule de cristal.