Re: Ce soir, c'était ...
Publié : 03 déc. 2020, 22:22
Je reviens à un exercice que j'aime bien: l'ouverture de mes dernières acquisitions.
Comme toujours, faut trouver un starter (ce qui n'est pas la tâche la plus facile):
- Redbreast Lustau Edition 46%, Oloroso Sherry Finish, code: L622131242 08:51.
Puis on attaque:
- Glenallachie LGA 5yo 52.3%, 2014 - 2020, Sherry Hogshead, 99 bottles. (ouverture bouteille)
- Ardnamurchan AD/CK.371 59.2%, 30/07/15, Ex-Bourbon Barrel. (ouverture sample)
- Ardbeg Wee Beastie 5yo 47.4%, code L2398897 12/08/2020 008615. (ouverture bouteille)
- Ben Nevis SV 8yo 46%, 04/03/11 - 07/11/19, Bourbon Barrel #163, bottle 147/168, pour Les Grands Alambics. (ouverture bouteille)
- Croftengea LGA 10yo 53.5%, 2009 - 2020, Hogshead, 107 bottles. (ouverture bouteille)
- Mortlach SV 11yo 49.9%, 13/03/08 - 06/05/19, 1st Fill Bourbon Barrel #800075, bottle 230/284, pour Les Grands Alambics. (sample déjà entamé)
- Glen Elgin SV UCF 13yo 55.4%, 01/05/07-15/09/20, hogshead #800296, bottle 121/298, for Cutty Sark Scots Whisky Forum. (ouverture bouteille)
- Blended Malt LGA 18yo 46.4%, 2001 - 2019, Sherry Butt, 103 bottles. (ouverture bouteille
- Teeling 19yo 55.6%, bottled 07/2020, bourbon cask #10933, for The Nectar. (ouverture bouteille)
- Mortlach Le Gus't Sélection XXV 25yo 45.8%, 18/03/95 - 28/08/20, sherry butt #157, bottle 283/285. (sample déjà entamé)
Le Redbreast se révèle dès le premier nez bien meilleur que dans mon souvenir. Un mélange de fruit rouge cuit (pruneau) et de chocolat au lait. De jolies notes acidulées qui apportent juste ce qu'il faut de vivacité et de fraîcheur. Un léger côté végétal, sur la gentiane. La bouche est à l'avenant avec une puissance supérieure à ce que ces 46% pourraient laisser supposer. Reste que la douceur, le moelleux typiquement irish ne se mêle pas complètement au sherry. On est pas du tout dans l'opposition, mais le mariage n'est consommé qu'à 90%. Mais j'aime bien. 87/100
Le Glenallachie balance d'entrée de jeu une note assez intense de noisette verte, de noix de cajou et de fraicheur. Croute de pain rassie. Pralin. Poudre d'amande. Pistache. Une note végétale sur la tige de rhubarbe qui vient d'être coupée. De la cannelle aussi, beaucoup. Un côté "cru", peut-être sur certains poissons utilisés dans le sushis. Un peu de céréales, sur les pétales de maïs. La bouche est assez corsée. Une note de café qui s'exprime comme dans un tiramisu. Avec de l'eau, le nez évolue vers cette même note de café. Ah tiens, il subsiste une note de muscade en fin de finale. Il manque certes de maturité, d'harmonie, d'équilibre, mais pour autant, il ne fait pas aussi jeune qu'il ne l'est. 86/100
Je n'ai que vaguement entendu parler d'Ardnamurchan jusqu'ici. Je ne saurais même pas la situer sur une carte. Un de ces nouvelles distilleries lancées ces dernières années. Le nez, après un démarrage un peu confus évolue rapidement vers la tourbe. Au démarrage elle évoque un peu Ardmore quand il n'est pas fermier. Une tourbe "continentale". Puis elle continue d'évoluer en gagnant petit à petit en fraîcheur et nous emmène sur Islay avant de franchement allez loucher du côté de Talisker. On est alors sur ce genre de tourbe très mentholée, et il y a même une note de poivre. On s'y croirait. En bouche, on y est. Mais qui m'a fait une blague en me mettant du Talisker 10yo dans ce sample ? C'est vraiment bluffant de mimétisme. Mais bizarrement, moi qui tique sur le Talisker 10yo à cause son poivre, là, c'est plus équilibré, plus harmonieux, le poivre ne se fait jamais agressif et "se contente" de donner du punch au profil. Le nez continue de se développer et va chercher maintenant des notes de fruits, sur la confiture de fraise. Un peu de gelée de coings aussi. Un peu de pâte feuilletée également. De la cerise à l'eau de vie en fin de bouche maintenant et en finale. Finale qui dure. Mais c'est quoi ce truc ? La vivacité de la jeunesse associée à la complexité, l'évolutivité d'un malt vénérable. Je me trouverais presque devant un cas de conscience, avec l'envie de mettre une bonne note, mais qui le dispute à la jeunesse de ce malt. Mais bon, après tout, trêve de tergiversation, faut assumer son ressenti. 89/100
Place à l'Ardbeg maintenant. J'ai été souvent en partie déçu par leurs dernières productions, que je trouvais souvent trop sucrée, ce qui gâchait le profil. Ce jeunot à lui aussi de la fougue. Ici, la tourbe est incisive, presque aigüe, acidulée, maritime également, iodée. Oui, franchement iodée, et très citronnée, sur le citron jaune. C'est simple, pas d'une grande complexité sans non plus être tout à fait monolithique, mais ce qu'il fait, il le fait bien. De la mie de pain blanc aussi. La fraicheur devient très légèrement mentholée. La bouche est huileuse et démarre sur la douceur, le moelleux, en contraste avec le nez. Cette bouche n'est à ce moment là pas d'une grand expressivité, noyée dans toute cette huile, mais la finale du coup surprend par sa puissance et sa très grande longueur. A la deuxième gorgée, la bouche gagne un peu en expressivité, avec une amertume entre le bois et l'herbe. On a l'impression que cette bouche est surdiluée à l'huile. C'est franchement le point faible de ce whisky car le nez et la finale font un sacré job pour un whisky aussi jeune. Si ce Wee beastie n'est pas qu'un exercice de style mais qu'il préfigure au contraire le futur d'Ardbeg, alors cette distillerie pourrait bien revnie sur le devant de la scène. 87/100
Le Ben Nevis démarre sur une très jolie et très élégante note de poire au nez accompagné de fraîcheur. Cela me rappelle mes premiers contacts avec le Hellyers Road 10yo. Pas une poire façon new make, non. Là on est sur une belle eau de vie de poire. Mais en whisky. Floral également. C'est vraiment élégant, féminin, si on veut. Pot pourri pas tout à fait capiteux. Une note de thé également. Ou d'infusion aux fruits. De l'angélique confite également. Un fond d'orange sanguine peut-être. La bouche a une attaque très onctueuse, grasse. Elle démarre dans le prolongement du nez mais l'alcool y ajoute une note poivrée au bout de quelques secondes pour évoluer sans rupture vers une jolie finale toujours sur le même profil perçu au nez et qui va chercher des notes de grenadine. Ça n'a rien à voir avec ce qu'on connait des Ben Nevis 96 IB, mais c'est franchement intéressant et plaisant. La encore la fougue de la jeunesse s'accompagne d'une complexité digne de malts plus âgés. Peut-être un léger manque d'harmonie, de fondu d'équilibre, mais quand même, ça le fait vraiment bien. 88/100
Alors que j'avais initialement un avis très négatif sur Loch Lomond, j'ai revu mon opinion très nettement à la hausse avec les Inchmurrin, voire les Inchmoan, sortis ces dernières années. Voyons donc comment s'en sort de Croftengea, le premier que je goûte. La tourbe est assez douce et s'accompagne de fruits tropicaux doux. Je veux dire par là qu'il n'y ici aucune note acidulée qu'on trouve souvent avec ces fruits. Le profil évolue en puissance mais reste dans la douceur, dans un équilibre parfait entre la tourbe et les fruits. Peut-être trop parfait, trop fondu, car il manque du coup de définition, il manque de tranchant, de netteté. Un peu d'aération lui donne un peu d'acidulé. C'est un exercice de style exécuté à la perfection. Trop de perfection. J'aime beaucoup mais je suis en même temps frustré que ce profil ne s'exprime pas plus clairement, avec plus de netteté, de vivacité, de franchise. En bouche, on est clairement dans le prolongement du nez. Tout juste si l'alcool manifeste un petit peu sa présence au bout de quelques seconde jusqu'à la finale ou la, les fruits exotiques prennent beaucoup plus clairement le dessus. Cette finale est délicieusement longue et puissante. Cette finale me fait même remettre en perspective le nez et la bouche. C'est chouette ce truc. 89/100, mais avec un tout petit peu plus de ooomph au nez et en bouche, c'était le 90 facile.
Le Mortlach LGA commence sur de jolies note fruitées et de thé. Du thé au fruits. Fruits rouges. Ce nez est d'une jolie finesse, délicat et pourtant bien présent. Pot pourri également. C'est vraiment très équilibré, harmonieux, fondu. A la fois dense et léger. Une note de jasmin peut-être ? La bouche est dans le prolongement, mais l'alcool lui ajoute plus de watts, trop peut-être. Non pas que l'alcool soit agressif ou mal intégré, mais on attendait plus de douceur après ce nez. La finale est dans le prolongement de cette fin de bouche, sur les épices, un peu musclée. Pendant ce temps, le nez a encore gagné en densité. C'est vraiment beau. La bouche garde ce côté picotant qui abime un peu le profil et maintenant amène une finale astringente et légèrement amère. Le nez lui aurait valu un 90. Mais la bouche le ramène à 89.
On a eu plusieurs très jolis Glen Elgin ces dernières années. Voyons si celui-ci est à la hauteur. Le nez est tout d’abord céréalier, avec des notes de pain. L'alcool amène de la fraicheur et agace un peu les narines. Je le laisse un peu, reposer quelques minutes, mais ce nez ne s'ouvre pas. Tout juste est venu s"joute rune légère note aigrelette. La bouche est onctueuse et presque plus expressive que le nez, plus dense. L'alcool manifeste un peu sa présence en fin de bouche. L'eau l'arrondi nettement et l'équilibre, mais ne lui permet pas de s'ouvrir. 86/100
Le Blended Malt LGA démarre au nez sur de belles et douces notes fruités acidulés sur un fond de bois patiné. De la confiture de pétale de rose en arrière plan avec du bois noble et de la gelée de coing. A la fois capiteux et léger. La bouche est tout aussi harmonieuse au début. Elle se renforce asse vite d'une note boisée envahissante qui amène de l'alcool. Ça ne va pas jusqu'à l'agressivité, mais ça déséquilibre quand même ce bel ensemble. Une première rasade d'eau l'améliore un peu. Une deuxième l'équilibre presque complètement et il en devient alors presque gourmand, et en tout cas plus harmonieux, sans pour autant perdre de puissance et d’expressivité. Après tout, c'est un sherry butt. Cela présage sans doute un beau potentiel une fois qu'il aura pris le temps de so'uvrir dans la bouteille. 88/100. Pour l'instant.
Place au Teeling, dans lequel je place beaucoup d'espoirs. Dès le débouché de la bouteille ça sent bon, ce qui est assez rare. Et comme de fait, dans le verre, c'est tout de suite très beau. A la fois riche, capiteux et fruité. Mais o,n est pas sur les fruits exotiques. Non, là, on est franchement sur la gelée de coings. Pot pourri. Thé au fruits. Pâtissier également. Je ne perçois pas vraiment la tourbe qu'on perçoit dans certains Teeling. Par contre, il y a un joli voile de fumée. IL y a un coté végétal très dense, ça rappelle un peu l'angélique confite, mais sans le côté confit. Une légère âcreté également. On est sur une combinaison de notes connues, que je qualifierais presque de classique, mais don l'harmonie, l'équilibre donne un résultat peu courant. Et très plaisant. Ce n'est est, comment dire, apaisant. La bouche est dans le prolongement, avec une note d'amertume et une présence d 'alcool qui apparait en milieu de bouche et au moment de la déglutition, paf, un bon kick de fruits exotiques qui entame la finale de longueur moyenne mais qui ne perpétue pas cette belle note. Ce Teeling a à la fois un indéniable air de famille avec les plus belles versions de la marque, et en même temps s'en différencie franchement. Je ne sais pas trop quoi en penser au moment de lui décerner une note. 89. Pour l’instant.
On finit donc avec le Mortlach Le gus't. Le nez se révèle dès le démarrage sur des notes exotiques de malt âgé. Cela évoque également les vieux meubles et l’encaustique. L'équilibre frôle la perfection. Pas forcément très complexe, mais c'est extrêmement plaisant. J'aime beaucoup. De légères notes de thé et de pain qui apporte de la matière. Mais cette note de fruits exotiques, vraiment, miam. En bouche, la même, c'est excellent. Juste ce qu'il faut d'équilibre avec un peu de notes boisées et d'alcool mais qui apportent juste ce qu'il faut de punch, sans excès. Et la finale est du même ordre, avec un chouette kick de fruits exotiques qui durent, qui durent ... A ce niveaux, comment lui donner moins que 90 ? En lui donnant 91.
D’habitude, arrivé à ce stade, j'ajouterais quelques drams supplémentaires, mais là, non, je préfère rester sur les chouettes impressions de ce set tel qu'il est. Y'a rien à y ajouter.
Comme toujours, faut trouver un starter (ce qui n'est pas la tâche la plus facile):
- Redbreast Lustau Edition 46%, Oloroso Sherry Finish, code: L622131242 08:51.
Puis on attaque:
- Glenallachie LGA 5yo 52.3%, 2014 - 2020, Sherry Hogshead, 99 bottles. (ouverture bouteille)
- Ardnamurchan AD/CK.371 59.2%, 30/07/15, Ex-Bourbon Barrel. (ouverture sample)
- Ardbeg Wee Beastie 5yo 47.4%, code L2398897 12/08/2020 008615. (ouverture bouteille)
- Ben Nevis SV 8yo 46%, 04/03/11 - 07/11/19, Bourbon Barrel #163, bottle 147/168, pour Les Grands Alambics. (ouverture bouteille)
- Croftengea LGA 10yo 53.5%, 2009 - 2020, Hogshead, 107 bottles. (ouverture bouteille)
- Mortlach SV 11yo 49.9%, 13/03/08 - 06/05/19, 1st Fill Bourbon Barrel #800075, bottle 230/284, pour Les Grands Alambics. (sample déjà entamé)
- Glen Elgin SV UCF 13yo 55.4%, 01/05/07-15/09/20, hogshead #800296, bottle 121/298, for Cutty Sark Scots Whisky Forum. (ouverture bouteille)
- Blended Malt LGA 18yo 46.4%, 2001 - 2019, Sherry Butt, 103 bottles. (ouverture bouteille
- Teeling 19yo 55.6%, bottled 07/2020, bourbon cask #10933, for The Nectar. (ouverture bouteille)
- Mortlach Le Gus't Sélection XXV 25yo 45.8%, 18/03/95 - 28/08/20, sherry butt #157, bottle 283/285. (sample déjà entamé)
Le Redbreast se révèle dès le premier nez bien meilleur que dans mon souvenir. Un mélange de fruit rouge cuit (pruneau) et de chocolat au lait. De jolies notes acidulées qui apportent juste ce qu'il faut de vivacité et de fraîcheur. Un léger côté végétal, sur la gentiane. La bouche est à l'avenant avec une puissance supérieure à ce que ces 46% pourraient laisser supposer. Reste que la douceur, le moelleux typiquement irish ne se mêle pas complètement au sherry. On est pas du tout dans l'opposition, mais le mariage n'est consommé qu'à 90%. Mais j'aime bien. 87/100
Le Glenallachie balance d'entrée de jeu une note assez intense de noisette verte, de noix de cajou et de fraicheur. Croute de pain rassie. Pralin. Poudre d'amande. Pistache. Une note végétale sur la tige de rhubarbe qui vient d'être coupée. De la cannelle aussi, beaucoup. Un côté "cru", peut-être sur certains poissons utilisés dans le sushis. Un peu de céréales, sur les pétales de maïs. La bouche est assez corsée. Une note de café qui s'exprime comme dans un tiramisu. Avec de l'eau, le nez évolue vers cette même note de café. Ah tiens, il subsiste une note de muscade en fin de finale. Il manque certes de maturité, d'harmonie, d'équilibre, mais pour autant, il ne fait pas aussi jeune qu'il ne l'est. 86/100
Je n'ai que vaguement entendu parler d'Ardnamurchan jusqu'ici. Je ne saurais même pas la situer sur une carte. Un de ces nouvelles distilleries lancées ces dernières années. Le nez, après un démarrage un peu confus évolue rapidement vers la tourbe. Au démarrage elle évoque un peu Ardmore quand il n'est pas fermier. Une tourbe "continentale". Puis elle continue d'évoluer en gagnant petit à petit en fraîcheur et nous emmène sur Islay avant de franchement allez loucher du côté de Talisker. On est alors sur ce genre de tourbe très mentholée, et il y a même une note de poivre. On s'y croirait. En bouche, on y est. Mais qui m'a fait une blague en me mettant du Talisker 10yo dans ce sample ? C'est vraiment bluffant de mimétisme. Mais bizarrement, moi qui tique sur le Talisker 10yo à cause son poivre, là, c'est plus équilibré, plus harmonieux, le poivre ne se fait jamais agressif et "se contente" de donner du punch au profil. Le nez continue de se développer et va chercher maintenant des notes de fruits, sur la confiture de fraise. Un peu de gelée de coings aussi. Un peu de pâte feuilletée également. De la cerise à l'eau de vie en fin de bouche maintenant et en finale. Finale qui dure. Mais c'est quoi ce truc ? La vivacité de la jeunesse associée à la complexité, l'évolutivité d'un malt vénérable. Je me trouverais presque devant un cas de conscience, avec l'envie de mettre une bonne note, mais qui le dispute à la jeunesse de ce malt. Mais bon, après tout, trêve de tergiversation, faut assumer son ressenti. 89/100
Place à l'Ardbeg maintenant. J'ai été souvent en partie déçu par leurs dernières productions, que je trouvais souvent trop sucrée, ce qui gâchait le profil. Ce jeunot à lui aussi de la fougue. Ici, la tourbe est incisive, presque aigüe, acidulée, maritime également, iodée. Oui, franchement iodée, et très citronnée, sur le citron jaune. C'est simple, pas d'une grande complexité sans non plus être tout à fait monolithique, mais ce qu'il fait, il le fait bien. De la mie de pain blanc aussi. La fraicheur devient très légèrement mentholée. La bouche est huileuse et démarre sur la douceur, le moelleux, en contraste avec le nez. Cette bouche n'est à ce moment là pas d'une grand expressivité, noyée dans toute cette huile, mais la finale du coup surprend par sa puissance et sa très grande longueur. A la deuxième gorgée, la bouche gagne un peu en expressivité, avec une amertume entre le bois et l'herbe. On a l'impression que cette bouche est surdiluée à l'huile. C'est franchement le point faible de ce whisky car le nez et la finale font un sacré job pour un whisky aussi jeune. Si ce Wee beastie n'est pas qu'un exercice de style mais qu'il préfigure au contraire le futur d'Ardbeg, alors cette distillerie pourrait bien revnie sur le devant de la scène. 87/100
Le Ben Nevis démarre sur une très jolie et très élégante note de poire au nez accompagné de fraîcheur. Cela me rappelle mes premiers contacts avec le Hellyers Road 10yo. Pas une poire façon new make, non. Là on est sur une belle eau de vie de poire. Mais en whisky. Floral également. C'est vraiment élégant, féminin, si on veut. Pot pourri pas tout à fait capiteux. Une note de thé également. Ou d'infusion aux fruits. De l'angélique confite également. Un fond d'orange sanguine peut-être. La bouche a une attaque très onctueuse, grasse. Elle démarre dans le prolongement du nez mais l'alcool y ajoute une note poivrée au bout de quelques secondes pour évoluer sans rupture vers une jolie finale toujours sur le même profil perçu au nez et qui va chercher des notes de grenadine. Ça n'a rien à voir avec ce qu'on connait des Ben Nevis 96 IB, mais c'est franchement intéressant et plaisant. La encore la fougue de la jeunesse s'accompagne d'une complexité digne de malts plus âgés. Peut-être un léger manque d'harmonie, de fondu d'équilibre, mais quand même, ça le fait vraiment bien. 88/100
Alors que j'avais initialement un avis très négatif sur Loch Lomond, j'ai revu mon opinion très nettement à la hausse avec les Inchmurrin, voire les Inchmoan, sortis ces dernières années. Voyons donc comment s'en sort de Croftengea, le premier que je goûte. La tourbe est assez douce et s'accompagne de fruits tropicaux doux. Je veux dire par là qu'il n'y ici aucune note acidulée qu'on trouve souvent avec ces fruits. Le profil évolue en puissance mais reste dans la douceur, dans un équilibre parfait entre la tourbe et les fruits. Peut-être trop parfait, trop fondu, car il manque du coup de définition, il manque de tranchant, de netteté. Un peu d'aération lui donne un peu d'acidulé. C'est un exercice de style exécuté à la perfection. Trop de perfection. J'aime beaucoup mais je suis en même temps frustré que ce profil ne s'exprime pas plus clairement, avec plus de netteté, de vivacité, de franchise. En bouche, on est clairement dans le prolongement du nez. Tout juste si l'alcool manifeste un petit peu sa présence au bout de quelques seconde jusqu'à la finale ou la, les fruits exotiques prennent beaucoup plus clairement le dessus. Cette finale est délicieusement longue et puissante. Cette finale me fait même remettre en perspective le nez et la bouche. C'est chouette ce truc. 89/100, mais avec un tout petit peu plus de ooomph au nez et en bouche, c'était le 90 facile.
Le Mortlach LGA commence sur de jolies note fruitées et de thé. Du thé au fruits. Fruits rouges. Ce nez est d'une jolie finesse, délicat et pourtant bien présent. Pot pourri également. C'est vraiment très équilibré, harmonieux, fondu. A la fois dense et léger. Une note de jasmin peut-être ? La bouche est dans le prolongement, mais l'alcool lui ajoute plus de watts, trop peut-être. Non pas que l'alcool soit agressif ou mal intégré, mais on attendait plus de douceur après ce nez. La finale est dans le prolongement de cette fin de bouche, sur les épices, un peu musclée. Pendant ce temps, le nez a encore gagné en densité. C'est vraiment beau. La bouche garde ce côté picotant qui abime un peu le profil et maintenant amène une finale astringente et légèrement amère. Le nez lui aurait valu un 90. Mais la bouche le ramène à 89.
On a eu plusieurs très jolis Glen Elgin ces dernières années. Voyons si celui-ci est à la hauteur. Le nez est tout d’abord céréalier, avec des notes de pain. L'alcool amène de la fraicheur et agace un peu les narines. Je le laisse un peu, reposer quelques minutes, mais ce nez ne s'ouvre pas. Tout juste est venu s"joute rune légère note aigrelette. La bouche est onctueuse et presque plus expressive que le nez, plus dense. L'alcool manifeste un peu sa présence en fin de bouche. L'eau l'arrondi nettement et l'équilibre, mais ne lui permet pas de s'ouvrir. 86/100
Le Blended Malt LGA démarre au nez sur de belles et douces notes fruités acidulés sur un fond de bois patiné. De la confiture de pétale de rose en arrière plan avec du bois noble et de la gelée de coing. A la fois capiteux et léger. La bouche est tout aussi harmonieuse au début. Elle se renforce asse vite d'une note boisée envahissante qui amène de l'alcool. Ça ne va pas jusqu'à l'agressivité, mais ça déséquilibre quand même ce bel ensemble. Une première rasade d'eau l'améliore un peu. Une deuxième l'équilibre presque complètement et il en devient alors presque gourmand, et en tout cas plus harmonieux, sans pour autant perdre de puissance et d’expressivité. Après tout, c'est un sherry butt. Cela présage sans doute un beau potentiel une fois qu'il aura pris le temps de so'uvrir dans la bouteille. 88/100. Pour l'instant.
Place au Teeling, dans lequel je place beaucoup d'espoirs. Dès le débouché de la bouteille ça sent bon, ce qui est assez rare. Et comme de fait, dans le verre, c'est tout de suite très beau. A la fois riche, capiteux et fruité. Mais o,n est pas sur les fruits exotiques. Non, là, on est franchement sur la gelée de coings. Pot pourri. Thé au fruits. Pâtissier également. Je ne perçois pas vraiment la tourbe qu'on perçoit dans certains Teeling. Par contre, il y a un joli voile de fumée. IL y a un coté végétal très dense, ça rappelle un peu l'angélique confite, mais sans le côté confit. Une légère âcreté également. On est sur une combinaison de notes connues, que je qualifierais presque de classique, mais don l'harmonie, l'équilibre donne un résultat peu courant. Et très plaisant. Ce n'est est, comment dire, apaisant. La bouche est dans le prolongement, avec une note d'amertume et une présence d 'alcool qui apparait en milieu de bouche et au moment de la déglutition, paf, un bon kick de fruits exotiques qui entame la finale de longueur moyenne mais qui ne perpétue pas cette belle note. Ce Teeling a à la fois un indéniable air de famille avec les plus belles versions de la marque, et en même temps s'en différencie franchement. Je ne sais pas trop quoi en penser au moment de lui décerner une note. 89. Pour l’instant.
On finit donc avec le Mortlach Le gus't. Le nez se révèle dès le démarrage sur des notes exotiques de malt âgé. Cela évoque également les vieux meubles et l’encaustique. L'équilibre frôle la perfection. Pas forcément très complexe, mais c'est extrêmement plaisant. J'aime beaucoup. De légères notes de thé et de pain qui apporte de la matière. Mais cette note de fruits exotiques, vraiment, miam. En bouche, la même, c'est excellent. Juste ce qu'il faut d'équilibre avec un peu de notes boisées et d'alcool mais qui apportent juste ce qu'il faut de punch, sans excès. Et la finale est du même ordre, avec un chouette kick de fruits exotiques qui durent, qui durent ... A ce niveaux, comment lui donner moins que 90 ? En lui donnant 91.
D’habitude, arrivé à ce stade, j'ajouterais quelques drams supplémentaires, mais là, non, je préfère rester sur les chouettes impressions de ce set tel qu'il est. Y'a rien à y ajouter.