canis lupus a écrit : ↑23 nov. 2020, 01:55
Vendredi soir, à peine remis de
mes émotions gastriques du mercredi, je me dis que ma dernière dégustation de whisky remonte aux "calandres grecques" et que si ça continue, faut que ça cesse.
Pas trop sur de mes sensations et de m'être pleinement remis, je décide d'y aller petit à petit, au feeling, sans réfléchir en terme de set, mais juste de piocher un peu au pif.
Je m'échauffe et me teste avec l’un de mes starters habituels:
- Iona 40%
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... iona-atoll.
Bon, apparemment, ça passe bien, donc on continue. D'abord, les deux dernières bouteilles achetées:
- Bruichladdich Islay Barley 6yo 50%, 2011, Coull/Rockside/Island/Mulindry/Starchmill/Cruach Farms, code L162526 18/327 2018/10/16 09:36. (batch inconnu de WB)
- Port Charlotte MRC:01 7yo 59.2%, 2010, code 2553 18/287 8/10/01 14:56. (batch inconnu de WB)
Puis je tape dans les samples:
- Mortlach LGA #800075.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... ch-2008-sv
- Penderyn 2007 12yo 58.7%, Ex-Islay Cask #147/2007, for LMDW.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... deryn-2007
- Caol Ila Asta Morris 7yo 60%, 2012-2020, Sherry Butt #AM127.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... la-2012-am
- Cooley "Peated" Cadenhead 23yo 55%, 1992.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... ear-old-ca
- Clynelish DD 24yo 54.8%, 1995-2019.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... sh-1995-dd
- Port Charlotte PST 18yo 49.7%.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... e-2002-pst
- Highland Park Cadenhead 29yo 40.6%, 1989.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... rk-1989-ca
- Teeling 24yo 54.3%, 1991, Port Cask.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... eling-1991
- Blended Malt Le Gus't Selection XXIV 30yo 56.8%, 1989 - 08/03/2020, Butt #1852, 285 bottles.
https://www.whiskybase.com/whiskies/whi ... e-1989-leg
Je détaillerais peut-être plus tard, mais globalement, j'ai l'impression d'être passé à côté de pratiquement tout.
Bon, je vais essayer de me rappeler de ce que j'ai pu ressentir lors de ce set. Pas facile de se souvenir de son ressenti quand on est passé à côté.
Le
Iona, je l'ai déjà décrit à plusieurs reprises. C'est le bon petit malt qui ne casse pas de briques, relativement neutre, idéal pour servir de starter.
Le
Bruichladdich correspond bien à ce que j'en attendais. J'en ai déjà une version plus ancienne, un millésime 2006, que j'aime bien. Dans les deux cas, on est sur ce profil typique très céréalier, sur le porridge, le bol de céréale (pétale de maïs ?). Ça n'est pas d'une grande complexité, mais j'aime bien. Mais ce 2011 me semble bien moins expressif que mon 2006 tout en n'apportant aucune variation autour du thème. On dirait le même en moins généreux, moins dense.
Le
Port Charlotte me fait le même effet de faiblesse, de manque de matière, si je le compare aux autres PC OB que j'ai. Là encore, l'air de famille est indéniable, mais en nettement moins bien. Un truc que j'ai remarqué. On dit souvent de Port Charlotte qu'il se caractérise par une tourbe fermière, sur l'étable mal entretenu, crade. Mais personnellement, ce profil là, je ne l'ai croisé qu'en IB, jamais en OB. En OB, la tourbe est plus classique, plus ... standard, plus universelle. De plus, il me semble avoir compris sur les autres batches de MRC:01 référencés dans WB qu'ils étaient finis en fut de vin rouge, voire de Bordeaux plus précisément. Hors, à la dégustation, je n'ai pas retrouvé de ces notes caractéristiques de ce genre de finition. La encore, je suis un peu déçu.
Le
Mortlach LGA, j'avais très envie de le goûter. En effet, je suis la progression de ces compères anciens membres du forum avec une certaine attention, et je m'interrogeais sur la qualité de leurs embouteillages, n'ayant goûté pour l'instant que leurs deux premiers, un Caol Ila de bonne facture mais bien trop cher et ne sortant pas du lot des floppées d'autres Caol Ila, et un excellent Ledaig que j'ai pu racheter sur le deuxième marché et qui me plait beaucoup. Revenons donc à ce Mortlach, donc. Il est assez éloigné de la typicité Mortlach que je connais. Ici, pas de gros sherry, pas de notes viandées. On a de jolies notes fruitées et un peu de fraîcheur un peu mentholée, peut-être un peu de résine. Sauf que ça ne se développe pas, ça ne prend pas d'ampleur, ça a du mal à concrétiser la promesse. Pire, je ressens des notes de flotte faisant penser à de la surdilution. Et pourtant, quand je finis le dram cul sec, cette impression disparait et j'ai plutôt l'impression ce coup-ci d'avoir à faire à un CS. Ça m’énerve ce genre de situation. Sur le papier, le rapport q/p est intéressant, mais à la dégustation, ils est à ça de ma convaincre. Mais voilà, il en est à ça. Du coup, j'achète, j'achète pas ? Groumph.
Le
Penderyn me fait la même impression que la version non tourbée, assez réputée ici, qui était sortie en même temps: c'est brouillon, ça manque de définition, on dirait une bouillie, un amalgame de bons composants, mais dont le résultat ne fait pas match. C'est trop rond, trop flou, trop mou. Y'a bien un soupçon de fruits tropicaux, mais ils sont noyés dans tout ce mou. Pareil pour la tourbe, ça ne tranche pas, ça ne donne pas de corps, c'est noyé dans la masse, c'est mou. Et donc chiant.
Le
Caol Ila est assez chouette. Une sorte d'archétype, d'exercice de style, une synthèse de la tourbe d'Islay, un profil qu'on a pu croiser mainte fois chez Caol Ila, mais aussi chez Ardbeg, Lagavulin, Laphroaig, voire Bowmore. Ou Ledaig. Un profil qui n'apporte rien de nouveau, sans surprise, mais qui le fait excellemment bien. SI un jour je perdais toute ma collection, et que je ne pouvais m'acheter qu'un seul whisky tourbé, c'est un comme ça que je voudrais, pour m'aider à me souvenir de tous les autres.
Le
Cooley me fait la même impression que le Penderyn. Et puis, à un moment, en regardant ses datas sur l’étiquette du sample, puis son profil sur WB, ça me dit quelques chose. Arf, forcément, je l'avais déjà en bouteille, et ce sample conforte bien les impressions que j'en ai eu à chaque fois que j'ai ouvert cette bouteille.
Le
Clynelish est lui aussi une vraie frustration. Il démarre sur de belles notes fruitées, fruits jaunes, fruits tropicaux, puis vient une note fraiche, mentholées, végétale, sur l'eucalyptus, et juste quand ça devrait se développer, ben non, comme trop souvent avec cette distillerie, y'a cette saloperie de wax qui vient brutalement écraser le tout comme un coup de masse, semblant dire aux belles notes qui essayaient de s'exprimer "vos gueules, vous êtes pas la pour procurer du plaisir au type qui est en train de déguster, y'a que moi qui ai le droit de m'exprimer". Vraiment, je me demande si Clynelish n'est pas la distillerie la plus frustrante qui soit.
Le
Port Charlotte PST ne me raconte absolument rien, nada, bernique. Le silence total. Ça n'est même pas aqueux ou fade. Non, c'est du rien liquide.
Le
Highland Park me parait mal né (mal nez ?) bancal, en maque d'expressivité, pas convaincant, trop rond, trop flou, sans identité propre. Je regarde ses datas, ah ben oui, forcément, un vieillissement en hogshead, j'aurais du m'en douter. Pour moi, HP ne marche qu’en fut de sherry.
Le
Teeling, c'est tout autre chose. On est tout de suite dans ce profil typique de ces embouteillages de futs récupérés et n'ayant pas été distillés sur place. Ces jolis fruits tropicaux, mêlés à de la fumée, voire de la tourbe. Mais, bien que ce soit bon, on est loin des meilleurs Teeling que j'ai pu goûter. Et le fut de porto est imperceptible.
Le
Blended Malt Le Gus't me déçoit lui aussi. C'est certes élégant, d'une finesse certaine, mais ça a du mal à s'exprimer et ça reste principalement sur la vanille, il en est presque monolithique. Ne serait-ce pas celui-là qui est un teaspooning de Balven** ? En tout cas, ça y ressemble. Pas mon truc, même si il n'a aucun défaut, rien de déplaisant.
Au bilan, même si je n'ai pas ressenti de fatigue ou de saturation, je pense que je ne devais pas être au mieux de ma forme organoleptique ce soir là. Peut-être aussi que j'étais un peu à court d'entraînement.