Superbe soirée, effectivement, articulée autour d'un principe inédit en ce qui me concerne.
Un principe à la fois ludique et intellectuellement stimulant !
Balvenie 1966 (46yo) Bourbon barrel - 37,8° : Un nez à se damner. Des arômes de vieux grain, mais sans les défaut : On retrouve la coco, l'ananas en boîte, la barbe à papa, et tout ce qui fait l'attrait des grains, mais sans lourdeur poisseuse et entêtante. L'exubérance des Virgin American oak de Benriach, mais en plus raffiné. Finalement, dans le genre fruité à se mettre à genoux, mon préféré depuis un certain Ben Nevis Prestonfield 1975. Sauf que...
Sauf qu'effectivement, en bouche, on n'y est plus. Et ce n'est pas qu'une question de degrés. L'expressivité s'envole, comme s'il n'y avait pas de "gras" pour fixer les bons arômes du nez. Et il reste une réelle raideur végétale qui ne fait que s'accentuer jusqu'à la finale, franchement amère. Bah... Celui-ci n'est pas là pour le goût, mais pour le nez

!
Balvenie 1991 (21yo) Bourbon barrel - 55,8°
Plein de croustade aux pommes, boule de glace à la vanille sur le côté comprise, pour un nez d'une étonnante jeunesse. Des arômes de fruits du verger que l'on trouve plutôt en général dans des Speysides d'une douzaine d'année et qui font que je n'apprécie pas plus que ça les Speyside jeunes, à moins que le fût n'ait beaucoup donné. L'attaque n'en est que plus étonnante, franche, incisive, bigrement savoureuse. C'est puissant, mais c'est franchement bon. Celui-ci apportera indiscutablement à l'assemblage toute la "colle" et la structure qui faisait défaut au 1966.
Balvenie 1972 (40yo) Bourbon barrel - 52,2°
Balvenie 1973 (39yo) Bourbon barrel - 51,6°
Balvenie 1974 (38yo) Bourbon barrel - 44,6°
Ce serait sacrilège que de "vendre à la découpe" ce tiercé gagnant, dans l'ordre ou dans le désordre, peu importe. On peut jouer sur les nuances et couper les cheveux en quatre. Oui, le 1973, plus timide au départ que les deux bombes fruitées qui l'encadrent, met un peu plus de temps à déployer ses ailes, mais après une dizaine de minute, il faut faire appel à la photo finish pour les départager. Pour ces 3 vintages, quel bonheur que ce puissant fruité aux accents très naturel de prune trop mûre, de bonbon acidulé à l'ananas, le tout délicieusement épicé par les douces épices du bois. Et la bouche suit sans peine, grasse, opulente. Du fruit, du fruit et encore du fruit. C'est grand, et vendu en single cask, j'en achetais 3 de chaque.
Balvenie 1970 (42yo) Sherry butt - 58,8°
Puissant et entêtant. Yoichiesque. De la prune salée, et du sucre brûlé. L'équilibre semble sur le fil...
... Ce que confirme une bouche franchement brûlante et piquante. Le nez est intéressant, la bouche brûle un peu. Mais il faut bien quelques watts pour récupérer le 1966 et ses 37.8 petits degrés...
Balvenie 1975 (37yo) Sherry Butt - 47,1°
Un profil toujours assez nippon, avec une note vinaigrée supplémentaire pour un caractère aigre-doux qui me plait assez. Sinon, c'est le temple des fruits secs et des amandes rôties au sucre. En bouche, on ajoute une touche de Guignolet, et toujours une certaine raideur.
Balvenie 1972 (40yo) Sherry butt - 48,3°
Plus d'équilibre cette fois-ci. Le premier Sherry dans lequel je n'ai pas besoin de rajouter d'eau. Ca se boit bien, ma foi...
... Mais pas aussi bien, que le
Balvenie 1971 (41yo) Sherry butt - 52°
Paradis de la douceur. Un nez nettement plus évolué, plein de fruit cuit et de jolies (si si !) notes de bois brûlé. En bouche, c'est un florilège de douceur. Ample et crèmeux à souhait. Crème de cacao et liqueur de noisette. Le plus chic de tous les Alexandra.
On mélange le tout et on obtient un Balvenie Tun batch#5 (2012) - 50,1% effroyablement appétissant au nez, et dramatiquement facile à boire. Un pousse au crime, cette bouteille, si vous voulez mon avis. Au départ, ce sont les arômes de croustade du 1971 qui ouvrent le bal, mais rapidement, l'exotisme arrive, le sherry prend sa place, la partition est complète. C'est bon, quoi...