2 étiquetés, le 3ème tout nu.
Seule indication concernant ce dernier : "C'est le plus cher que je me sois offert à ce jour, ça devrait te plaire, rien qu'en mettant le nez tu vas voir, c'est de la bombe, mais je ne t'en dis pas plus pour ne pas t'influencer" (ou quelque chose dans le genre

Allez dézinguer le whisky d'un pote, après ça !
Sauf que pervers comme peuvent se montrer les amateurs de malt, qui me dit que ce n'est pas un piège ?
Ouais ! Le gars qui file un sample au copain en lui disant que c'est du super top, et puis qu'en fait c'est du Label 5, mais il se marre bien à voir son pote ramer pour se convaincre que c'est bon et trouver des qualités dans la merveille...
Allez. On y va.
Benriach 1970/2009 (49.1%, OB, PX finish, C#1035)
Couleur : Acajou foncé.
Nez : Bonne nouvelle : y'aura pas besoin de le dézinguer, çui-là, et si c'est un piège, je suis prêt à plonger dedans. Démarre sur une note de solvants. Ou plutôt d'hydrocarbure frais, façon résine de sapin. Puis c'est l'extase. Arômes très gras et pâtissiers de pâte d'amandes aux noix. Beurre manié avec du sucre et un trait de crème de cacao. Douceur d'un Alexandra (gin, crème, liqueur de cacao), soutenu par le délicieux acidulé d'un vieux Madère aux accents exotiques. Pour moi, c'est ça le Rancio. Mascotte au pralin. Chocolat fourré feuilleté praliné (j'insiste sur le feuilleté). Et puis quelques notes rustiques de sous-bois, d'humus, de champignon parfumé. Ca hurle "viens-y, viens-y, qu'est-ce que tu attends", mais ça serait pécher que de céder trop vite à la tentation.
Bouche: Ca commence de façon assez prévisible, dans la continuité du nez. Et puis il se passe un truc vraiment très, très étrange : une grosse acidité (à moins que ce ne soit un gros paquet de sel, ou les deux, façon chips "Salt & Vinegar") accompagne le développement des arômes de caramel et de chocolat. La sensation est explosive et phénoménalement réjouissante. "Toujours ajouter un trait de vinaigre à la fin de la cuisson du caramel" disait ma mère. Là, on a eu la main lourde, mais ça rend l'ensemble à la fois très original, et bougrement sapide. Et puis en arrière plan, histoire de nous rappeler la sophistication de la production maison, une note florale éclot.
Finale : Ouf ! Sans défaut ! Je crains toujours le développement d'une amertume trop marquée sur la finale, mais non. C'est tout bon, et c'est tout long.
Commentaire : Un whisky qui sort des sentiers battus. Au nez, une invitation au péché. En bouche, ça ne goutte plus le whisky, mais pétard, qu'est-ce que c'est bon ! 93 points
Et merci, Stéphane !