Page 3 sur 4

Publié : 21 févr. 2006, 15:20
par Damien
Jean Marie,

Je comprends tout à fait tes arguments et je consulte d'ailleurs fréquemment tes notes de dégust.
Néanmoins, je me base davantage sur les commentaires, évidemment plus complets qu'une note. Mais il me semble que souvent, il y a des différences notables entre 2 whiskies que tu notes à l'identique, en tout cas dans le sentiment que donne ton commentaire.

Pourquoi ne pas utiliser des 1/4 de points pour afiner la notation, comme le font d'ailleurs naturellement certains de ceux qui ont posté sur ton site ?

Damien

Publié : 21 févr. 2006, 15:35
par jmputz
Tout simplement parce que la dégustation n'est pas une science exacte, alors que les mathématiques en sont une.
Et les chiffres font référence aux mathématiques.
Déjà que mes sensations et les goûts ou odeurs que je perçois ne sont pas toujours constants d'une fois à l'autre (je revendique la possession d'un nez d'amateur, et suis en admiration devant les capacités de pros comme Bottler sur ce forum... quoiqu'il y a aussi le revers de la médaille... je pense à la catastrophe que ce serait si tout d'un coup je me mettais à "mesurer" mes bouteilles avec un nez de pro... avec plus de 300 bouteilles ouvertes!!!) alors mes cotes sont effectivement du genre "j'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie", jamais pas du tout, et tout ça manque de consistance parfois, mais ce n'est pas le but.
Je suis par exemple totalement incapable de dire si je préfère un Laphroaig Quarter cask ou un Lagavulin 12 ans.
De toutes façons, ce n'est pas le problème. Je possède les deux, et c'est toujours un plaisir d'en boire l'un ou l'autre. Est-ce que le plaisir est un quart de point supérieur ou non.... Au fond quelle importance. Le tout finit par s'équilibrer après plusieurs dégustations (la loi des grands nombres).

Publié : 21 févr. 2006, 15:35
par PNicolas
jmputz a écrit : Je suis un adepte de la constance. On ne change pas un système en cours de route.
Oui tu as raison, d'ailleurs en france on aurait dût garder les francs et même les anciens francs quoique les Louis d'or c'était pas mal aussi :wink:

Mais bon tu fais comme tu veux c'était juste une idée :wink:

Publié : 21 févr. 2006, 15:37
par jmputz
Si tu veux, il me reste des francs. Les anciens, je ne les ais pas connus. Je peux te les échanger contre des euros. Perso je préfère l'euro....
Maintenant s'il te reste des Louis d'or, je veux bien te les changer contre des nouveaux francs. :wink:

Publié : 21 févr. 2006, 16:38
par bottler
Histoire d'alimenter la conversation.

il y a deux façons de déguster : la première est celle qui cherche à évaluer un plaisir. La note est très subjective, elle est relative au dégustateur. Elle s'accompagne d'un vocabulaire analogique (fruits rouges, fleurs, etc...)

La seconde est moins affriolante, plus rébarbative : c'est celle qui cherche à établir un lien entre la fabrication et l'élevage du produit, et son goût.

Elle se fait à partir de shémas et de curseurs (la fameuse roue des aromes), et s'accompagne de chiffres eux aussi subjectifs, mais que l'on tache de corriger en faisant une statistique sur des tas de dégustateurs (tasting panels) et plusieurs dégustations. On n'en sort pas une note finale, mais un profil basé sur les évaluations de chaque critère. Elle est avant tout destinée à pouvoir reproduire le produit à partir du profile de l'assemblage prévédent. C'est la dégustation des blenders.

Au bout du compte, si on leur demande s'ils ont aimé, ils trouvent quelquefois la question incongrue : ce n'est pas le problème.

Quelles applications pour les cotations de ce site ?

Je cous cède (et vous laisse) la parole.

Publié : 21 févr. 2006, 18:24
par Serge
Je rejoins bottler (quelles excellentes et enrichissantes interventions, merci !) en ajoutant une troisème catégorie qui peut mettre les blenders et les 'évaluateurs' d'accord : celle qui consiste à rechercher, et à apprécier, et donc à évaluer la "typicité" d'un whisky. C'est très amusant d'oberver les comportements dans ce cas. C'est soit :
1. Ouah ! Typiquement Bowmore des années 66-68 (au hasard ;-). Excellent, 90 points !
2. Ouah ! Pour un Bowmore 68, il est hyper-différent de ce quon goûte d'habitude ! Excellent, 90 points !
Bon, OK, le blender n'est pas souvent d'accord avec 2. En revanche, l'embouteilleur indépendant devrait l'être souvent...

Publié : 21 févr. 2006, 18:58
par bottler
Serge a écrit :Je rejoins bottler (quelles excellentes et enrichissantes interventions, merci !) en ajoutant une troisème catégorie qui peut mettre les blenders et les 'évaluateurs' d'accord : celle qui consiste à rechercher, et à apprécier, et donc à évaluer la "typicité" d'un whisky. C'est très amusant d'oberver les comportements dans ce cas. C'est soit :
1. Ouah ! Typiquement Bowmore des années 66-68 (au hasard ;-). Excellent, 90 points !
2. Ouah ! Pour un Bowmore 68, il est hyper-différent de ce quon goûte d'habitude ! Excellent, 90 points !
Bon, OK, le blender n'est pas souvent d'accord avec 2. En revanche, l'embouteilleur indépendant devrait l'être souvent...
Yes, of course, c'est par exemple pour cela que nous avions mis en bouteilles un Macallan ex hogdheads en 2004, car ce n'est pas banal pour cette distillerie qui a tout axé sur le sherry. D'ailleurs il avait été bien dégusté dans une certaine matrice...

Que personne ne se précipite ; j'enaiplunegoutte.

Publié : 21 févr. 2006, 19:29
par Serge
bottler a écrit :
Serge a écrit :Je rejoins bottler (quelles excellentes et enrichissantes interventions, merci !) en ajoutant une troisème catégorie qui peut mettre les blenders et les 'évaluateurs' d'accord : celle qui consiste à rechercher, et à apprécier, et donc à évaluer la "typicité" d'un whisky. C'est très amusant d'oberver les comportements dans ce cas. C'est soit :
1. Ouah ! Typiquement Bowmore des années 66-68 (au hasard ;-). Excellent, 90 points !
2. Ouah ! Pour un Bowmore 68, il est hyper-différent de ce quon goûte d'habitude ! Excellent, 90 points !
Bon, OK, le blender n'est pas souvent d'accord avec 2. En revanche, l'embouteilleur indépendant devrait l'être souvent...
Yes, of course, c'est par exemple pour cela que nous avions mis en bouteilles un Macallan ex hogdheads en 2004, car ce n'est pas banal pour cette distillerie qui a tout axé sur le sherry. D'ailleurs il avait été bien dégusté dans une certaine matrice...

Que personne ne se précipite ; j'enaiplunegoutte.
Ah oui, il était super ! D'ailleurs l'histoire est vraiment drôle... La veille de WhiskyLive, on est allés dîner avec quelques écossais, dont des 'maniacs'. Après le repas nous sommes allés nous balader à St-Germain - on était quatre en tout, dont Dave (Broom). Bref on fait la tournée des bars et vous savez ce dont nous avions besoin... C'est ça, des single malts. Bref, on ne trouve rien de potable dans les bars branchouille (ou alors ils fermaient) et on échoue dans un bistrot qui ne payait franchement pas de mine, presque par dépit. Et là... accrochez-vous, vous n'allez pas aimer... on découvre un présentoir à whiskies lumineux, où les bouteilles trônaient quasiment sur des ampoules de 100 watts. Normalement, il y avait de quoi tourner les talons, mais nous avisons deux bouteilles que nous ne connaissions pas (et disons qu'à 4, on en connait quand même quelques-unes). Bref, on tente quand-même l'expérience : ce Macallan et votre Port Ellen (dont j'ai d'ailleurs ensuite envoyé la dernière bouteille que j'ai trouvée aux plus grands collectionneurs de Port Ellen du monde, les amis de chez Mara en Allemagne). Ils étaient bouillants ! (pas les Allemands, les whiskies du bistrot ;-) - quoi que...) Bref, nous avons demandé de gros verres à Cognac, que nous avons glacés, puis nous avons versé les malts qui sont enfin arrivés à température "potable". Ils étaient excellents - même Dave a adoré et Dieu sait qu'il y avait matière à faire un gros scandale, rapport à la méthode de présentation.
Malheureusement, je n'ai pas gardé l'adresse du bistrot. Mais ça ne servirait à rien, on a vidé les deux bouteilles ;-).
Voilà toute l'histoire de votre super Macallan - en ce qui nous concerne !

Publié : 21 févr. 2006, 20:06
par bottler
Comme quoi, la troisième distillation peut avoir du bon. Merci de cette histoire qui me fait réellement plaisir.

Publié : 21 févr. 2006, 20:30
par ttn
En dégustant un Macallan c'est vrai que la plupart des amateurs attendent un monstre de sherry. Et pourtant à l'aveugle lors de la master class de J. Mc Ewan (pendant le festival d'Islay 2003) peu avaient (je crois qu'il y en avait un!) reconnu le Macallan 68 fut de bourbon (pourtant fabuleux) mais vraiment très différent.
Tony

Publié : 22 févr. 2006, 08:07
par antoine
Je confirm pour le Port ellen, vraiment excellent, d'ailleurs tous l'ont trouvé au passionnés....
dommage pour le Macallan,, j'ai hésité à en prendre..mince alors..enfin si nous parlons du même

Publié : 22 févr. 2006, 10:09
par Régis
Yes, of course, c'est par exemple pour cela que nous avions mis en bouteilles un Macallan ex hogdheads en 2004, car ce n'est pas banal pour cette distillerie qui a tout axé sur le sherry. D'ailleurs il avait été bien dégusté dans une certaine matrice...

Que personne ne se précipite ; j'enaiplunegoutte.
Moi je connais un groupe de dégustateurs ( dont certains se reconnaitront) réuni en novembre 2004 qui avait déjà repèré ces deux lots ( une version réduite et un à 57,5 ) ils avaient aussi sélectionné le Port Ellen cité, quel groupe de pointe !
Régis

Publié : 22 févr. 2006, 10:26
par Serge
Cela dit, bientôt, ce seront les Macallan très 'oloroso' qui vont peut-être devenir les exceptions...
J'ajouterai qu'à mon avis, on ne peut pas dire non plus que tous les Macallan indépendants ex-hogsheads ou barrel ont été des réussites... Il ne suffit pas d'être "différent", il faut aussi être "bon". Et aujourd'hui, le nom Macallan ne suffit probablement plus. Cela me fait penser à un indépendant, que je ne citerai pas, qui emploie toujours les mêmes étiquettes mais qui a embouteillé l'un de ses fûts avec une étiquette différente, d'une autre couleur et avec plus de doré. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu "parce que c'est un Macallan !". Qui a dit bizarre ?

Publié : 22 févr. 2006, 11:38
par bottler
Serge a écrit :Cela dit, bientôt, ce seront les Macallan très 'oloroso' qui vont peut-être devenir les exceptions...
J'ajouterai qu'à mon avis, on ne peut pas dire non plus que tous les Macallan indépendants ex-hogsheads ou barrel ont été des réussites... Il ne suffit pas d'être "différent", il faut aussi être "bon". Et aujourd'hui, le nom Macallan ne suffit probablement plus. Cela me fait penser à un indépendant, que je ne citerai pas, qui emploie toujours les mêmes étiquettes mais qui a embouteillé l'un de ses fûts avec une étiquette différente, d'une autre couleur et avec plus de doré. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu "parce que c'est un Macallan !". Qui a dit bizarre ?
Pour que cela soit bon, il faut non seulement que la distillerie travaille bien, mais aussi que le bois ait été de bonne qualité. Vu la quantité de fûts achétés par une distillerie chaque année, il est inévitable que certains fûts soient nuls mais aussi d'autres... excellents.

Pour que la balance penche du bon côté, il fut que la politique d'achat de futaille de la distillerie soit sérieuse.

C'est plus facile à dire qu'à faire, car un supplémént de 50 euros par fût, ce n'est rien, mais quand on parle de 10.000 fûts, c'est quelque chose, et quand on parle de 50.000 futs ou de 100.000 fûts ce qui doit être dans les ordres de grandeur de Macallan, cele devient une réelle option stratégique, car les fûts en question sont immobilisés pendant de nombreuses années..

Donc les distilleries achètent des futs différents en essayant d'anticiper leurs besoins : les meilleurs pour leur mise en bouteille ou les clients de vrac qui veulent bien payer le supplément, et des moyens et des fûts de récupération pour les autres.

L'embouteilleur indépendant doit donc impérativement déguster chaque fût avant d'acheter. Et les écossais n'aiment pas cela.

Pas plus tard qu'il y a trois jours, j'ai du refuser "a good bargain" de fûts venant du stock de Pernod Ricard (Ecosse) qui destocke en ce moment, parce qu'on a refusé de m'échantillonner et que je ne joue plus aux jeux de hasards depuis longtemps !

Publié : 22 févr. 2006, 12:59
par antoine
Comment cela, alors maintenant on accepte plus de se faire berner? ;-)