Non, je ne pense pas que ce soit un question de prétention.Shao-Bang a écrit :Tu trouves qu'ils se la pètent tant que ça ?
C'est justement là que le bas blesse amha. Ça ne coute rien de dire qu'on est pas au niveau d'une référence étable depuis plusieurs siècles quand on commence. C'est un peu enfoncer une porte ouverte.Shao-Bang a écrit : A en lire certains, j'ai pourtant l'impression qu'ils ont conscience maintenant de tout ça...
C'en est une autre d'aller se confronter à cette différence, à oser la mesurer pleinement.
Je pense que pour beaucoup, il n'ont pas gouté grand chose comme whisky. Ils voient juste un marché qui ne cesse d'augmenter, notamment sur les blend courants, à la rigueur sur les single malt d'entrée de gamme et doivent penser que s’approcher de au mieux de ce genre de produit suffira à assurer le succès, surtout avec un "made in France".
Je pense aussi que, pour la plupart, ils n'ont pas compris que distiller de la céréale, ça n'a rien à voir avec distiller des fruits ou des herbes aromatiques. Il suffit de croquer dans un grain d'orge, de blé, de maïs pour voir que ça n'a pas grand gout, et que ça doit être sacrément travaillé, torturé, modifié pour exprimer des arômes et saveurs riches et flatteurs.
Lorsque tu goûtes ou que tu sens du raisin, de la pomme, de la cane à sucre, de la mirabelle, de la poire, de la menthe, de la verveine, du genièvre, de l'anis et je ne sais quoi d’autre encore, tu te rends compte que tout est déjà dedans.
Je ne dis pas que ce soit facile de faire de belles eaux-de-vie avec ces matières premières, sinon, tout le monde en ferait, et il n'y aurait que du bon.
Mais extirper quelque chose de bon d'un simple grain d'orge, c'est tout autre chose. Faut être un peu (al ?)chimiste.
D'ailleurs, même les brasseurs qui savent pourtant travailler cette matière première pour faire d'excellentes bières, ne parviennent pas pour autant à faire de bons whiskys quand ils essaient.
C'est l'autre difficulté. Ce n'est pas parce qu'on sait faire de bons armagnacs, cognacs, calvas, fines, marcs, rhums, gins, etc ... qu'il suffit de balancer de l'orge, même malté, même transformé par des levures, pour que ça fonctionne.
Les alambics ne sont pas forcément les mêmes (forme et volume), les températures, les coupes de distillation (tête et queues), le refroidissement, la double distillation, tout cela est vraiment spécifique. De même que le degré d'alcool à l'enfutage.
Puis les futs, les chais, le vieillissement, ...
Ceci-dit, il faut aussi relativiser que nous sommes des amateurs très exigeants,très avertis.
Mais encore une fois, toutes ces difficultés, ces spécificités, la distillerie Glann Ar Mor l'a bien comprise et l'applique avec un résultat de très bon niveau, et il ne leur a pas fallut des siècles pour y arriver. Juste se fixer de vrais objectifs et prendre conscience de l’ampleur du défi, mais à peine plus d'une décennie.
On en a eu plusieurs aux soirées Pure Spirit en dégustation blind, et à chaque fois les Kornog sont pris pour des Laphroiag, Lagavulin ou Ledaig et les Galnn Ar Mor passent pour des Ben Nevis, des Clynelish ou des Benriach.